Une solution en béton ?
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Le matériau de construction le plus utilisé au monde est l’un des plus néfastes pour le climat. Comment faire pour réduire son impact négatif ?
Quatorze milliards de mètres cubes. C’est la quantité de ciment que nous produisons chaque année.[1] D’ici 2050, cela atteindra 20 milliards.[2]
Qu’il soit utilisé directement ou transformé en béton, on le retrouve partout : des appartements aux bureaux en passant par les écoles, les ponts, les routes et les hôpitaux. C’est également l’un des principaux facteurs du changement climatique ; le béton seul représentant 7 % des émissions mondiales de CO2.[3]
Le ciment et le béton sont des cibles privilégiées pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. La bonne nouvelle, c’est que des solutions innovantes apparaissent, notamment le captage, l’utilisation et le stockage du carbone (CCUS), le recyclage et l’utilisation de matériaux alternatifs. Cependant, d’énormes obstacles en matière d’investissement, d’incitations, de réglementation et de coordination se profilent à l’horizon.
L’avenir n’est pas (encore) tout tracé.
Dur labeur
La production de ciment devrait augmenter pour répondre à la demande mondiale croissante.[4] Cependant, la Global Cement and Concrete Association (GCCA) a appelé à une décarbonation complète d’ici 2050, avec une réduction de 20 % du CO2 par tonne métrique de ciment et une réduction de 25 % du CO2 par mètre cube de béton d’ici 2030 (par rapport aux niveaux de 2020).[5]
Selon le MSCI Sustainability Institute, l’industrie du ciment devrait réduire l’intensité de ses émissions selon revenus de 7,2 % par an en moyenne entre 2023 et 2050 pour devenir neutre en carbone d’ici 2100, conformément au scénario « 2 degrés Celsius » du Réseau pour le verdissement du système financier (Network for Greening the Financial System, NGFS).[6] Cela va à l’encontre des engagements pris par l’industrie en matière de réduction des émissions (voir ci-dessous).
Les projections supposent que les technologies nécessaires pour décarboner l’industrie à grande échelle ne parviendront pas de sitôt à la maturité technologique ou à la parité des coûts avec les solutions existantes.[7]
En août 2023, plus d’un tiers des producteurs de béton ont déclaré des objectifs de neutralité carbone.[8] Or, jusqu’à présent, seuls Cemex et Holcim ont fixé des objectifs validés par la Science Based Target Initiative (SBTi) qui s’aligneraient sur le « zéro émission nette » d’ici 2050 et la trajectoire des 1,5 °C.[9]
Plus de moyens de réduire plus d’émissions
Jusqu’en 2030, les gains les plus importants proviendront d’une utilisation plus efficace et efficiente du béton, du ciment et du clinker. Par la suite, le CCUS devrait jouer un rôle plus important.
Il n’y a pas de solution miracle. La réduction des émissions de CO2 provenant du béton et du ciment nécessitera des efforts multiples et coordonnés sur toute la chaîne d’approvisionnement. Comme l’indique le graphique ci-dessous, au rythme actuel, 98 gigatonnes (Gt) de CO2 seront émises par l’industrie du béton et du ciment entre 2022 et 2050, soit deux fois plus que ce que le secteur peut se permettre pour atteindre les objectifs mondiaux de 1,5 °C.[10]
Bien que les solutions à long terme soient essentielles, les nouvelles technologies de décarbonation pourraient permettre une réduction beaucoup plus importante des émissions au cours de cette décennie, de l’ordre de 40 % d’ici 2030, selon certaines estimations.[11]
Analysons les solutions disponibles.
Utiliser moins de béton et de ciment
Un point de départ évident. L’industrie devrait recycler davantage de béton et utiliser plus de matériaux recyclés pour le produire (comme nous le verrons plus loin). Les modules de béton réutilisables, qui peuvent être décomposés ou incorporés dans de nouvelles structures, sont très prisés dans les pays nordiques.[12]
Par ailleurs, ne construisons que si c’est vraiment nécessaire. De nombreux bâtiments peuvent être réaffectés, en transformant des entrepôts en logements sociaux par exemple. Les experts du Forum économique mondial estiment que l’application de solutions circulaires pour le ciment et le béton d’ici à 2050 permettrait d’éviter ou d’atténuer environ 2,6 milliards de tonnes métriques d’émissions de CO2.[13]
Ajouter plus d’adjuvants
Les adjuvants rendent le béton plus facile à travailler et plus durable, réduisant ainsi les quantités et les coûts. Ils facilitent également le recyclage du béton. Selon le Forum économique mondial, les adjuvants pourraient réduire les émissions de CO2 du béton jusqu’à 30 % dans le cadre des normes actuelles et jusqu’à 50 % dans le cadre de normes actualisées.[14] Le potentiel de décarbonation des adjuvants devrait être mis en avant et les mélanges de béton adaptés en conséquence.[15]
Améliorer la logistique et l’accès aux infrastructures
Le béton et le ciment sont des produits lourds et à faible marge, ce qui les rend généralement trop chers pour être transportés sur de longues distances. Les fabriques nécessitent un accès facile aux matières premières, des sources d’énergie à faible teneur en carbone, des infrastructures de captage du carbone et des chaînes d’approvisionnement plus efficaces.[16] Toutefois, il est peu probable que toutes ces solutions soient réalisables, si bien que le problème doit être traité au niveau local.
Décarboner la production avec des combustibles alternatifs
Un tiers des émissions d’une cimenterie typique provient de la combustion de charbon, de coke de pétrole et d’autres combustibles fossiles nécessaires pour chauffer les fours.[17] L’électrification des fours à l’aide d’électricité renouvelable est un plus, tandis que les torches à plasma haute température alimentées par de l’énergie renouvelable sont prometteuses.[18] Par ailleurs, le passage à la biomasse et aux alternatives basées sur les déchets, comme les boues d’épuration, peut réduire les émissions totales jusqu’à 17 %, selon les estimations.[19] Il existe déjà un solide cas d’utilisation de cette approche. En 2022, Cemex a achevé la construction d’une usine au Royaume-Uni qui fonctionne à 100 % avec des combustibles alternatifs.[20] La même année, Holcim a déclaré satisfaire 28 % de sa demande d’énergie thermique avec des combustibles alternatifs et vise à atteindre 50 % d’ici 2030.[21] Selon le MSCI Sustainability Institute, les combustibles alternatifs permettraient de réduire les émissions bien en deçà des objectifs déclarés de l’industrie du ciment et, en raison de leur prix abordable, de réduire les émissions à long terme beaucoup plus rapidement que l’objectif actuel de neutralité carbone visé d’ici 2100.[22] Les producteurs développent également des entreprises de recyclage des déchets ciblant l’utilisation de déchets industriels et urbains pour leurs fours.[23]
Réduire l’utilisation du clinker
L’accessibilité, la polyvalence et la durabilité du béton sont fortement influencées par la capacité de liaison du clinker. Fabriqué à partir d’un mélange de calcaire et de minéraux, le clinker est l’un des principaux ingrédients du béton. Malheureusement, il est produit par calcination du calcaire à plus de 1 400 °C dans des fours, ce qui émet environ 622 kilogrammes de CO2 pour chaque tonne métrique de ciment produite.[24] Le clinker représente à lui seul près de 90 % des émissions produites lors de la fabrication du ciment.[25] Deux approches permettraient de réduire de moitié l’empreinte carbone du clinker : éviter de l’utiliser ou décarboner la production grâce au piégeage du carbone : [26]
Optimiser les SCM
Le clinker peut être remplacé par des matériaux moins polluants tels que les cendres volantes, le laitier de métal, le béton recyclé ou l’argile calcinée, connus sous le nom de matériaux cimentaires supplémentaires (« supplementary cementitious material », SCM).[27] Les cendres volantes et le laitier granulé de haut fourneau sont des sous-produits de la combustion du charbon et de la fabrication du fer, respectivement. Ils constituent tous deux un moyen efficace d’utiliser les déchets tout en évitant la production de clinker.[28] Paradoxalement, ces matériaux vont se raréfier à mesure que l’énergie du charbon disparaîtra et que la production d’acier deviendra plus écologique. Heureusement, il existe d’autres options. L’argile calcinée est un matériau naturel que l’on trouve partout dans le monde et il est abondant dans les pays du Sud, où la demande de ciment atteint des sommets. Selon certaines estimations, si l’argile calcinée devenait le matériau de base du ciment, les émissions du secteur pourraient être réduites de 30 à 40 %.[29] Les SCM représentent actuellement près de 15 % de la production mondiale de ciment, mais les estimations suggèrent qu’ils pourraient atteindre 30 à 50 %.[30]
Demander aux algorithmes
Les technologies de contrôle et d’apprentissage automatiques permettent aux entreprises émergentes d’optimiser la qualité du ciment tout en intégrant des alternatives à faible teneur en carbone. La start-up américaine Alcemy, spécialisée dans le ciment recyclé, a déclaré avoir réduit ses émissions de CO2 de 50 % tout en améliorant la qualité de ses ouvrages grâce à des solutions mises à l’échelle en Europe et aux États-Unis.[31] D’autres start-up comme Fero Labs et AlCrete contribuent à optimiser la production de ciment et de béton en temps réel pour offrir des mélanges à faible teneur en CO2.[32]
Capter le carbone
Le clinker peut être décarboné en conservant le CO2 émis pendant la production. De toutes les options, le CCUS présente le plus grand potentiel, représentant 35 à 50 % de réduction des émissions dans tous les scénarios du rapport Making Net Zero Concrete and Cement Possible (Atteindre la neutralité carbone du béton et du ciment) rédigé par le Mission Possible Partnership (MPP).[33] En théorie, le CCUS pourrait même produire du clinker avec des émissions nettes nulles. Cependant, le processus est relativement nouveau, coûteux et peut être gourmand en énergie et en eau. Si de faibles concentrations de CO2 sont émises (environ 15 à 20 %), une grande quantité d’énergie est nécessaire pour atteindre des niveaux appropriés.[34]
En raison de son prix élevé, le CCUS est surtout réservé aux acteurs importants et à ceux disposant des capacités de stockage et d’utilisation du carbone capté, comme les industries recourant au carbone minéralisé, au soutien des pouvoirs publics et aux énergies renouvelables abordables.[35] À certains endroits, les acteurs historiques étudient la possibilité de moderniser leurs installations pour les doter d’un CCUS.[36] Le CO2 peut également être stocké dans les agrégats de béton lorsque les déchets de construction et de démolition sont recyclés.[37]
Des méga-usines stratégiquement construites dans des régions disposant d’un accès à une énergie renouvelable abondante et bon marché et bénéficiant d’une réglementation favorable, comme les États-Unis et l’Europe, pourraient réduire le coût de production du clinker à faible teneur en carbone jusqu’à 60 %.
Le transport, le stockage et l’utilisation du carbone capté présentent des défis, en particulier pour les pays du Sud. Bien que le CCUS soit essentiel à la décarbonation, l’industrie doit éviter de trop dépendre de cette technologie sous-développée, le temps que la recherche, le développement, l’investissement et la réglementation rattrapent leur retard. La voie de la décarbonation implique d’adopter une approche équilibrée et évolutive, qui intègre les solutions susmentionnées au fur et à mesure qu’elles deviennent réalisables.
Plus d’argent, de réglementation et de coopération
Atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 nécessite un portefeuille d’instruments politiques et financiers pour créer un environnement propice à l’innovation et à la décarbonation.[38] Comme le souligne RMI : « L’année 2050 n’est qu’à un cycle d’investissement, compte tenu de la durée des immobilisations du secteur ».[39] L’industrie doit agir dès maintenant pour s’assurer que les nouveaux investissements majeurs sont compatibles avec la neutralité carbone.
En ce sens, la Stratégie de transition du secteur du béton et du ciment[40] du MMP est une feuille de route s’étalant sur plusieurs décennies pour atteindre une production de ciment et de béton neutre en carbone ; ce qui nécessite par ailleurs d’importants moyens technologiques, financiers et politiques. Les mesures à court terme requises de la part de l’industrie, des gouvernements et des acteurs financiers sont les suivantes :
- programmes d’achats publics et privés écologiques pour agréger la demande de béton et de ciment à faible teneur en carbone ;
- normes pour le béton et le ciment basées sur les performances et soutenues par de solides mesures d’essai ;
- marchés du carbone. La Chine et l’Inde, les deux plus grands producteurs de ciment au monde, ont tous deux annoncé leur intention d’inclure le secteur du ciment dans les systèmes nationaux d’échange de quotas d’émission ;
- incitations fiscales pour les projets pilotes. Par exemple, l’Office of Clean Energy Demonstrations (OCED) du ministère américain de l’énergie fournit 6,3 milliards de dollars pour soutenir des actions accélérées de décarbonation industrielle ;[41]
- définition d’objectifs en matière d’émissions et établissement de rapports dans des cadres de travail comme l’initiative SBTi ;
- réglementation claire du marché du CCUS afin de garantir un environnement de marché stable et propice à l’investissement ;
- gestion partagée du carbone et infrastructures d’énergie propre au sein des pôles industriels. Le MPP soutient actuellement le déploiement de deux pôles industriels propres à Los Angeles (Californie) et à Houston (Texas) aux États-Unis.
Dépenser bien plus
Selon le Forum économique mondial, les dépenses annuelles doivent presque doubler pour atteindre 60 milliards de dollars américains afin de parvenir à des émissions nettes nulles d’ici 2050.[42] Et il ne s’agit là que de la production immédiate de ciment et de béton : les équipements de captage du carbone dans les cimenteries nécessitent à eux seuls 390 milliards de dollars.[43] Comme l’estime le rapport Making Net Zero Concrete and Cement Possible (Atteindre la neutralité carbone du béton et du ciment) :
« L’investissement total, y compris […] l’investissement dans le secteur, les installations de transport et de stockage du CCUS, les infrastructures d’hydrogène et la production d’électricité propre, devrait augmenter de 35 %, passant de 1,05 mille milliards à 1,42 mille milliards de dollars, grâce à la construction d’infrastructures d’énergie propre et de captage du carbone capitalistiques. »[44]
Les technologies émergentes ainsi qu’une logistique et une production plus efficaces pourraient compenser une partie de la facture, mais il n’y a pas d’autre solution : la décarbonation du ciment et du béton a un coût élevé.[45]
L’approvisionnement en ciment à faible teneur en carbone étant pour l’instant limité, les produits fabriqués de manière durable peuvent être proposés à des prix plus élevés aux clients, mais les primes dites « vertes » devraient diminuer à mesure que la production décolle.[46]
De nouvelles stratégies financières sont nécessaires
Les acteurs industriels du ciment et du béton présents au Forum économique mondial 2023 de Davos ont exprimé « leur enthousiasme, mais aussi leur incertitude quant à la meilleure façon d’investir dans les chaînes de valeur du ciment et du béton », selon le cabinet McKinsey, organisateur de l’événement.[47]
Il est essentiel de trouver et de soutenir la bonne technologie. Comme pour la décarbonation de l’environnement bâti, McKinsey affirme que « l’industrie doit reconsidérer son approche de la mobilisation des capitaux et s’éloigner des grands fonds de transition écologique, qui sont insuffisants en termes d’échelle et dont la portée n’est pas facile à définir ».[48]
Plutôt que de se concentrer sur l’acquisition de grandes entreprises cotées en bourse, les participants ont recommandé une approche de financement de projet sensible à l’ensemble de la chaîne de valeur, y compris des investissements dans des start-up pour accélérer la prochaine phase de développement technologique et accroître les investissements au fur et à mesure que les technologies émergent – tout en continuant à investir dans le CCUS et les principes plus larges établis en matière de technologies vertes et d’économie circulaire.[49]
Comment les gouvernements peuvent-ils contribuer ?
Le secteur privé ne peut y parvenir seul. Des fonds publics et des leviers réglementaires doivent soutenir la transition :
Revoir les codes du bâtiment
Bien que les codes du bâtiment existants donnent la priorité à la sécurité et à la fiabilité, il convient également de les adapter afin qu’ils tiennent compte des nouvelles technologies et des matériaux plus écologiques. Par exemple, la plupart des codes du bâtiment exigent du ciment Portland ordinaire (CPO), qui nécessite du clinker. De nombreux marchés limitent la quantité de SCM (p. ex., l’UE limite les cendres volantes à 35 % et les États-Unis à 40 %). Les nouvelles normes pourraient être réévaluées afin d’inclure des ciments contenant davantage ou d’autres SCM, comme l’argile calcinée, le calcaire et le ciment recyclé, qui ne coûtent pas beaucoup plus cher. Cela implique une action coordonnée des décideurs politiques et du secteur privé pour faire évoluer les normes industrielles.[50]
De même, des réglementations et des normes de soutien seront nécessaires pour assurer la transition vers des solutions circulaires.
Des progrès sont en cours. Par exemple, le projet de loi 596 du Sénat californien, promulgué en 2021, demande à l’industrie du ciment d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie visant à déployer des solutions à faible teneur en carbone afin de réduire les émissions de CO2 de 40 % par rapport aux niveaux de 1990 d’ici 2035.[51]
Établir des objectifs en matière de marchés publics et des incitations fiscales favorables au ciment neutre en carbone
Les gouvernements doivent envoyer davantage de signaux d’appel. Ils sont certainement bien placés pour le faire, sachant que les infrastructures financées par les pouvoirs publics représentent 40 à 60 % des ventes mondiales de béton.[52]
La France, par exemple, élabore une politique visant à réduire les émissions de ciment de 50 % dans l’ensemble de l’industrie du ciment entre 2021 et 2030.[53] Le Japon a publié une feuille de route similaire, tandis que le Canada codirige le Breakthrough Agenda on Cement and Concrete.[54][55] La Chine, qui produit plus de la moitié du ciment mondial, devrait étendre son système d’échange de quotas d’émission au secteur du ciment à partir de 2023 ou 2024.[56] De même, le Fonds européen pour l’innovation soutient la décarbonation de l’industrie en Europe en finançant des technologies innovantes.[57]
Recueillir les fonds pour le CCUS
La CCUS, en particulier, a besoin du soutien des pouvoirs publics. L’élimination et le stockage d’une tonne de CO2 issue de la production de ciment coûtent près de 170 dollars, un prix insoutenable si l’on considère que la production de béton coûte généralement entre 50 et 60 dollars la tonne en Europe.[58][59]
La Norvège montre la voie en co-investissant avec Heidelberg Materials pour construire la première installation de captage du carbone à l’échelle industrielle dans une cimenterie, qui devrait être pleinement opérationnelle à la fin de l’année 2024.[60] Entre-temps, la loi américaine sur la réduction de l’inflation offre un crédit d’impôt allant jusqu’à 85 USD par tonne métrique de dioxyde de carbone capté et stocké.[61] D’autres gouvernements pourraient suivre cet exemple et faciliter l’obtention des permis de construire des usines de CCUS.
Spécification du ciment à teneur en carbone proche de zéro
Lancée lors du Forum économique mondial, la First Movers Coalition (FMC) vise à rassembler des sociétés afin de cibler les secteurs industriels responsables du tiers des émissions mondiales les plus difficiles à réduire.[62] La FMC stipule que les membres de la coalition (aussi bien des entreprises de construction et des bureaux d’études techniques que des promoteurs et des architectes) doivent s’engager à acheter ou spécifier du ciment neutre en carbone à hauteur de 10 % de leurs volumes annuels d’ici 2030.[63]
Vattenfall, société publique suédoise du secteur de l’énergie et membre fondateur de la FMC, explore avec enthousiasme les technologies révolutionnaires du ciment zéro émission. Elle anticipe une demande à long terme, des appels d’offres publics de plus en plus durables et un avantage en tant que pionnière qui dépasseront les coûts initiaux.[64] L’entreprise se réjouit de la demande croissante d’acier non fossile de la part des fournisseurs suédois, malgré un supplément de 20 à 25 %, et prévoit une demande similaire pour le ciment à faible teneur en carbone, notamment pour les infrastructures d’énergie renouvelable, qui devraient quadrupler d’ici 2030.[65]
Renforcer la collaboration
Les chaînes de valeur du ciment et du béton peuvent comprendre de multiples partenaires entre les clients et les fournisseurs de matériaux, notamment des architectes et des concepteurs, des entreprises de construction, des sociétés de logistique et bien d’autres encore. L’introduction de matériaux recyclés dans la chaîne de valeur du ciment peut nécessiter la collaboration d’une quinzaine d’acteurs, dont beaucoup n’interagissent généralement pas entre eux.[66] Une économie circulaire digne de ce nom nécessitera des efforts coordonnés pour s’assurer que les bons matériaux (et déchets) parviennent aux bons acteurs.
La production de ciment et le recyclage des déchets sont des industries très localisées, si bien que les gains d’efficacité doivent être réalisés là où le clinker est produit et utilisé, en jouant sur une coordination mondiale pour faire fonctionner des chaînes d’approvisionnement plus larges.[67] Ce n’est pas chose aisée pour les producteurs de ciment, dont beaucoup opèrent à l’échelle internationale. La FMC aide les producteurs à créer des chaînes de valeur transparentes et parfaitement alignées afin d’améliorer la collaboration de partenaires issus de multiples secteurs et zones géographiques, et d’envoyer des signaux de demande puissants tout en répartissant le coût des bonus écologiques. Des initiatives plus larges en matière de construction écologique, comme le Net Zero Built Environment Council de McKinsey, devraient également faciliter la transition du ciment et du béton vers une économie circulaire mondiale.[68]
Peut-on bâtir un monde sans béton ?
Un monde sans béton n’est pas encore un objectif réaliste. Mais nous pouvons produire du ciment et du béton en réduisant considérablement l’empreinte carbone. Le secteur de la construction représente déjà 25 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) et une part importante des 40 % d’émissions mondiales dues à la combustion de carburants.[69]Il est logique de donner la priorité à ses matériaux de prédilection – et aux plus grands responsables – en vue d’un changement radical.
[1] https://gccassociation.org/concretefuture/societal-demand-for-cement-and-concrete/
[2] https://gccassociation.org/concretefuture/societal-demand-for-cement-and-concrete/
[3] https://missionpossiblepartnership.org/action-sectors/concrete-cement/
[4] https://www.msci-institute.com/insights/concrete-steps-for-speeding-the-decarbonization-of-cement/
[5] https://gccassociation.org/concretefuture/
[6] https://www.msci-institute.com/insights/concrete-steps-for-speeding-the-decarbonization-of-cement/
[7] https://www.msci-institute.com/insights/concrete-steps-for-speeding-the-decarbonization-of-cement/
[8] https://www.msci-institute.com/insights/concrete-steps-for-speeding-the-decarbonization-of-cement/
[9] https://www.msci-institute.com/insights/concrete-steps-for-speeding-the-decarbonization-of-cement/
[10] https://rmi.org/five-insights-on-the-concrete-and-cement-industrys-transition-to-net-zero/
[11] https://www.msci-institute.com/insights/concrete-steps-for-speeding-the-decarbonization-of-cement/
[12] https://www.sintef.no/en/latest-news/2023/new-concrete-from-old-buildings
[13] https://www.weforum.org/agenda/2023/01/concrete-cement-circularity
[14] https://www.weforum.org/agenda/2023/10/new-technologies-decarbonizing-cement-production/
[15] https://www.weforum.org/agenda/2023/10/new-technologies-decarbonizing-cement-production/
[16] https://rmi.org/five-insights-on-the-concrete-and-cement-industrys-transition-to-net-zero/
[17] https://www.msci-institute.com/insights/concrete-steps-for-speeding-the-decarbonization-of-cement/
[18] https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652623030718
[19] https://www.msci-institute.com/insights/concrete-steps-for-speeding-the-decarbonization-of-cement/
[20] https://www.cemex.co.uk/-/rugby-cement-plant-welcomes-uk-energy-minister-to-explore-opportunities-for-decarbonisation
[21] https://www.holcim.com/who-we-are/our-stories/decarbonizing-holcim-alternative-fuels
[22] https://www.msci-institute.com/insights/concrete-steps-for-speeding-the-decarbonization-of-cement/
[23] https://www.mckinsey.com/industries/engineering-construction-and-building-materials/our-insights/decarbonizing-cement-and-concrete-value-chains-takeaways-from-davos#/
[24] https://www.constructionnews.co.uk/sustainability/carbon-cementing-net-zero-22-11-2021/
[25] https://www.mckinsey.com/capabilities/sustainability/our-insights/spotting-green-business-opportunities-in-a-surging-net-zero-world/transition-to-net-zero/cement
[26] https://www.greenbiz.com/article/how-decarbonize-concrete-and-build-better-future
[27] https://www.mckinsey.com/industries/engineering-construction-and-building-materials/our-insights/decarbonizing-cement-and-concrete-value-chains-takeaways-from-davos#/
[28] https://www.greenbiz.com/article/how-decarbonize-concrete-and-build-better-future
[30] https://www.msci-institute.com/insights/concrete-steps-for-speeding-the-decarbonization-of-cement/
[31] https://www.aenu.com/insights/why-we-invested-in-alcemy/
[32] https://www.forbes.com/sites/jimvinoski/2023/06/21/this-startup-is-using-ai-to-reduce-emissions-in-hard-to-mitigate-industries/
[33] https://missionpossiblepartnership.org/industry-comes-together-around-real-world-roadmap-towards-net-zero-emissions-in-concrete-cement/
[34] https://www.greenbiz.com/article/how-decarbonize-concrete-and-build-better-future
[35] https://www.weforum.org/agenda/2023/10/new-technologies-decarbonizing-cement-production/
[36] https://www.mckinsey.com/industries/engineering-construction-and-building-materials/our-insights/cementing-your-lead-the-cement-industry-in-the-net-zero-transition
[37] https://www.weforum.org/agenda/2022/11/circularity-a-key-enabler-to-reach-net-zero-in-concrete-and-cement/
[38] https://rmi.org/five-insights-on-the-concrete-and-cement-industrys-transition-to-net-zero/
[39] https://rmi.org/five-insights-on-the-concrete-and-cement-industrys-transition-to-net-zero/
[40] https://www.missionpossiblepartnership.org/making-net-zero-concrete-and-cement-possible-report/
[41] https://www.energy.gov/oced/industrial-demonstrations-program-0
[42] https://www.weforum.org/agenda/2023/10/new-technologies-decarbonizing-cement-production/
[43] https://missionpossiblepartnership.org/industry-comes-together-around-real-world-roadmap-towards-net-zero-emissions-in-concrete-cement/
[44] https://missionpossiblepartnership.org/industry-comes-together-around-real-world-roadmap-towards-net-zero-emissions-in-concrete-cement/
[45] https://missionpossiblepartnership.org/industry-comes-together-around-real-world-roadmap-towards-net-zero-emissions-in-concrete-cement/
[46] https://www.weforum.org/agenda/2023/10/new-technologies-decarbonizing-cement-production/
[47] https://www.mckinsey.com/industries/engineering-construction-and-building-materials/our-insights/decarbonizing-cement-and-concrete-value-chains-takeaways-from-davos#/
[48] https://www.mckinsey.com/industries/engineering-construction-and-building-materials/our-insights/decarbonizing-cement-and-concrete-value-chains-takeaways-from-davos#/
[49] https://www.mckinsey.com/industries/engineering-construction-and-building-materials/our-insights/decarbonizing-cement-and-concrete-value-chains-takeaways-from-davos#/
[50] https://www.greenbiz.com/article/how-decarbonize-concrete-and-build-better-future
[51] https://www.msci-institute.com/insights/concrete-steps-for-speeding-the-decarbonization-of-cement/
[52] https://www.weforum.org/agenda/2022/08/6-countries-taking-action-to-solve-concretes-emissions-problems
[53] https://www.globalcement.com/news/item/15783-france-ciment-to-reduce-co2-emissions-by-50-by-2030
[54] https://www.meti.go.jp/policy/energy_environment/global_warming/transition/transition_finance_technology_roadmap_cement_jpn.pdf
[55] https://www.canada.ca/en/innovation-science-economic-development/news/2022/11/government-of-canada-and-cement-association-of-canada-launch-roadmap-to-net-zero-carbon-concrete-by-2050.html
[56] https://www.asiafinancial.com/china-carbon-market-expansion-delayed-caijing
[57] https://www.weforum.org/agenda/2023/10/new-technologies-decarbonizing-cement-production/
[58] https://urldefense.com/v3/__https:/www.iea.org/data-and-statistics/charts/levelised-cost-of-co2-capture-by-sector-and-initial-co2-concentration-2019; https://www.google.com/url?q=https://urldefense.com/v3/__https:/papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id%3D3816593*:*:text%3DWe*20assume*20shipping*20costs*20based,2030*20for*205*20Mtpa*20CO2.__;I34lJSUlJSUlJQ!!Im8kQaqBCw!qYnmVM7rdc1-bZQM4akwrGGBeIlmlNODL1B0HqIZ7AOqF4ScBvh03-GpHnpLjh-XAeyOzt1mlXeUmbrVkGYKc4OfGePRYeFaWY0$&sa=D&source=docs&ust=1718880253758500&usg=AOvVaw1gcVSf7VJ86RXPCSSBlsz9
[59] https://urldefense.com/v3/__https:/cembureau.eu/media/jpthbmva/co2-costs-in-eu-cement-production-december-2021.pdf__;!!Im8kQaqBCw!qYnmVM7rdc1-bZQM4akwrGGBeIlmlNODL1B0HqIZ7AOqF4ScBvh03-GpHnpLjh-XAeyOzt1mlXeUmbrVkGYKc4OfGePRAgmhMxM$
[60] https://www.brevikccs.com/en#:~:text=Brevik%20CCS%20is%20HeidelbergMaterials%20most,cement%20for%20decades%20to%20come
[61] https://www.iea.org/policies/16255-inflation-reduction-act-2022-sec-13104-extension-and-modification-of-credit-for-carbon-oxide-sequestration
[62] https://www.weforum.org/first-movers-coalition
[63] https://www.greenbiz.com/article/how-decarbonize-concrete-and-build-better-future
[64] https://www.greenbiz.com/article/how-decarbonize-concrete-and-build-better-future
[65] https://www.greenbiz.com/article/how-decarbonize-concrete-and-build-better-future
[66] https://www.mckinsey.com/industries/engineering-construction-and-building-materials/our-insights/decarbonizing-cement-and-concrete-value-chains-takeaways-from-davos#/
[67] https://www.greenbiz.com/article/how-decarbonize-concrete-and-build-better-future
[68] https://www.mckinsey.com/capabilities/sustainability/how-we-help-clients/mckinsey-platform-for-climate-technologies
[69] https://www.mckinsey.com/capabilities/operations/our-insights/global-infrastructure-initiative/roundtables/glasgow-cop26-2021-decarbonizing-the-built-environment