Nous avons besoin d’énergie propre pour alimenter nos économies !
Le problème des crises comme cette pandémie, c’est qu’elles nous font perdre nos objectifs de vue.
Alors que nous sommes tous distraits par des dilemmes personnels à petite échelle, comme se protéger, porter un masque, conserver son emploi, jouer au professeur à domicile, etc., les problèmes à grande échelle peuvent facilement passer au second plan…
La menace croissante du changement climatique est l’un de ces conflits d’attention.
Dans un contexte aussi dramatique, la crise climatique risque d’être dangereusement reléguée d’une position « trop importante pour être ignorée » à celle de « nous sommes trop occupés pour y faire face ».
Au niveau individuel, nous privilégions naturellement notre propre santé et notre bien-être financier au quotidien, ainsi que ceux de notre famille, le plus souvent au détriment de tout le reste.
Au niveau gouvernemental, en revanche, tous les efforts se concentrent inévitablement sur le contrôle de la pandémie et l’atténuation de son impact dévastateur sur l’économie et la société.
Dans cette nouvelle et fâcheuse réalité, le changement climatique (malgré son rôle prépondérant dans la pandémie de COVID-19) peut facilement perdre du terrain dans l’ordre du jour des priorités, alors même que la « fenêtre d’opportunité » pour sauver l’environnement se rétrécit chaque jour un peu plus.
À la date de rédaction de cet article, le coronavirus a infecté plus de 73 millions de personnes et a entraîné la mort de plus de 1,6 million d’entre elles[1]. La facture pour l’économie mondiale est estimée à 1 000 milliards de dollars[2]. Ce montant à toutes les raisons de vous choquer. Mais sachez que le changement climatique peut faire encore plus de dégâts, en déplaçant des centaines de millions de personnes dans le monde entier, en rendant inhabitables de vastes régions du globe, en provoquant des migrations massives et même des conflits, et en coûtant plusieurs milliards de dollars pour sa résolution.[3]
Alors même que la pandémie se propage autour de nous, les statistiques climatiques désastreuses ne cessent de s’accumuler.
La température la plus élevée jamais enregistrée sur Terre, 54,4 oC, a été atteinte à Furnace Creek, dans la vallée de la Mort, en Californie, à la mi-août 2020.[4].
Dans le même temps, les scientifiques nous avertissent que les calottes glaciaires du Groenland ont perdu un million de tonnes de glace par minute en 2019 (un record)[5], venant s’ajouter au déficit de 28 000 milliards de tonnes de glace au cours des 30 dernières années[6].
Alors comment pouvons-nous maintenir l’attention centrée sur les dangers à long terme du changement climatique et encourager les gouvernements à relancer leurs économies avec des stratégies durables et respectueuses de l’environnement ?
L’énergie renouvelable subit le contrecoup de la pandémie
Les pays du monde entier préparent d’énormes plans de relance commerciale pour redynamiser les économies frappées par l’impact de la pandémie ; des programmes d’une valeur estimée à 9 000 milliards de dollars[7].
Les taux d’intérêt historiquement bas ont créé une base financière attrayante pour investir dans les infrastructures écologiques. Aux États-Unis, le président élu Joe Biden a présenté les grandes lignes d’un plan de décarbonisation de 2 000 milliards de dollars en faveur de l’économie du pays, grande consommatrice de pétrole. L’UE a affecté 30 % de son plan de relance COVID-19 de 880 milliards de dollars aux mesures climatiques. Dans son discours sur
l’état de l’Union de septembre, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a confirmé l’objectif de l’UE de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % par rapport aux niveaux de 1990 au cours de la prochaine décennie[8].
Ce scénario inédit nous offre une occasion sans précédent de changer de cap.
Une opportunité qui dictera la tendance énergétique de la génération à venir, avec la possibilité de stimuler, ou de saper, la transition naissante vers une énergie propre.
La plupart d’entre nous, qui nous soucions réellement de l’avenir de la planète, préféreraient la première solution, mais plusieurs signaux d’alarme se font déjà entendre.
Tout en reconnaissant que certains de ces problèmes seront probablement temporaires, le cabinet de conseil international Ernst & Young met en évidence plusieurs obstacles posés par le coronavirus au marché des énergies renouvelables.
- Certains projets en cours de construction ont des difficultés à se procurer des équipements
- Les équipes d’exploitation et maintenance (E&M) sont plus difficiles à mobiliser en raison des restrictions de déplacement
- La baisse des prix de l’électricité réduira probablement les marges des projets
- Enfin, la chute des prix du pétrole menace la capacité des compagnies pétrolières et gazières à continuer d’investir dans les technologies d’énergie durable.[9]
Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) reconnaît le coût commercial de l’impact de COVID-19 : l’économie mondiale devrait se contracter de 6 % cette année, avec quelque 300 millions de pertes d’emplois au deuxième trimestre, et une chute de près d’un cinquième des investissements dans l’énergie[10].
Aucun de ces obstacles ne doit nous détourner de l’urgence absolue de la lutte contre le changement climatique, pas plus que les opportunités soudaines offertes par le « bouton de réinitialisation » de la pandémie.
En ces temps troublés, comment pouvons-nous nous éviter, comme le décrit Christiana Figueres, ancienne responsable de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, de « sauter de la poêle à frire de la pandémie et entrer dans l’incendie des changements climatiques exacerbés » ?[11]
Des solutions simples pour une récupération durable
Pour gagner le soutien des gouvernements et de l’opinion publique, il faut trouver un équilibre délicat : la prise de conscience de la situation présente conjuguée au souci de l’avenir.
Autrement dit, quel type de mesures les décideurs politiques peuvent-ils adopter pour apporter des améliorations à court et à long terme à l’environnement comme à l’économie ?
Tout d’abord, pensez aux emplois. Le soutien du gouvernement aux projets d’énergie verte, tels que les parcs solaires et éoliens, risque de déboucher sur une avalanche d’opportunités d’emploi ô combien attendues.[12]
L’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA) affirme que l’augmentation des investissements mondiaux dans l’énergie propre à 2 000 milliards de dollars par an représenterait une hausse de 1 % du PIB mondial annuel d’ici 2023 et créerait près de 5,5 millions de nouveaux emplois ; en portant ce chiffre à 4 500 milliards de dollars par an, le gain cumulé de PIB serait de 16 000 milliards de dollars d’ici 2030, et plus de 15 millions de nouveaux emplois verraient le jour.[13]
FRV, société d’Abdul Latif Jameel Energy et l’un des leaders mondiaux du développement de projets d’énergie renouvelable à grande échelle, qui fait partie de Abdul Latif Jameel Energy, illustre l’ambition, l’engagement et l’innovation nécessaires pour exploiter pleinement le potentiel du secteur mondial des énergies renouvelables.
Présent sur les cinq continents et ayant développé plus de cinquante centrales, un portefeuille de projets de plus de 2,5 GW sur les marchés solaires émergents, notamment en Australie, au Moyen-Orient, en Inde, en Afrique, aux États-Unis et en Amérique latine, et plus de 3 milliards de dollars de financement total géré auprès de plus de 20 banques de premier plan, sur plus d’une décennie, FRV s’est imposé comme un investisseur engagé dans l’avenir durable de notre planète et un pourvoyeur d’opportunités d’emplois à long terme.
Mais quoi d’autre ? Les dépenses de consommation étant faibles, les gouvernements pourraient utiliser des programmes de mise à la casse pour motiver les gens à remplacer leurs vieux appareils polluants, tels que les voitures et les machines à laver, par des modèles plus récents et plus propres.
Pourquoi s’arrêter là ? Encouragés par la forte augmentation de l’enseignement à domicile et du travail à distance pendant la pandémie, les gouvernements pourraient profiter de l’occasion pour recentrer leur attention sur un approvisionnement en électricité abordable et fiable. En dépensant dès maintenant pour consolider les réseaux électriques, ils seront prêts à prendre en charge les technologies de demain et à intégrer une plus grande part d’énergie éolienne et solaire dans les années à venir.
Et alors que nous raisonnons en termes avant-gardistes, c’est le moment idéal pour ouvrir la voie aux technologies de batteries, de piles à hydrogène et de captage du carbone. Injecter des fonds en temps utile dans ces domaines en constante évolution les rendra bien plus compétitifs en termes de coûts, sans parler de la création de flux d’emplois quasi illimités.
La technologie des batteries connaît déjà une forte baisse des prix, celles des voitures passant de 1 100 USD/kWh en 2010 à 160 USD/kWh en 2019.[14] Elle peut constituer le « chaînon manquant » catalytique pour faire de l’énergie éolienne et solaire une alternative complète et viable à l’énergie issue des combustibles fossiles en offrant une solution propre 24 h/24, 7 j/7.
Le projet FRV/Harmony Energy de Holes Bay, dans le Dorset, au Royaume-Uni, est un bon exemple. Le projet utilise six Megapack Tesla, des batteries lithium-ion qui assurent un stockage d’énergie à l’échelle industrielle. Ces Megapacks ont une capacité de 15 MWh et sont raccordés au réseau de distribution d’électricité local. Elles permettent ainsi de stocker l’énergie provenant de sources renouvelables et d’offrir une plus grande flexibilité au réseau national britannique pendant les périodes de pointe, dans le cadre de la politique britannique de remplacement des combustibles fossiles.
Toutefois, ces stratégies ont un certain prix, et la dernière partie du puzzle consistera probablement à attirer davantage d’investissements privés, comme dans le cas de Holes Bay.
Les politiques favorables aux projets d’électricité verte (prêts, tarification du carbone, partenariats public-privé) apporteront toutes aux investisseurs potentiels la confiance nécessaire pour se lancer et faire de l’énergie non polluante la pierre angulaire du rétablissement de cette pandémie de coronavirus.
Des gains concomitants : environnement et économie
La voix de Stéphane Hallegate, économiste spécialiste du changement climatique à la Banque mondiale, mérite une attention particulière.
Ce dernier préconise de saisir l’occasion pour apporter un soutien financier à d’autres types d’investissements environnementaux.
Par exemple, pour préserver et restaurer les écosystèmes sujets aux inondations, à la sécheresse et aux ouragans. Ou pour nettoyer les sols pollués. Ou encore pour promouvoir des infrastructures de transport plus durables, comme des lignes de métro.
M. Hallegate ne laisse planer aucun doute :
« Si nous élaborons nos actions politiques de manière stratégique, nous pouvons obtenir des résultats à court et à long terme qui profitent à la fois aux intérêts nationaux et mondiaux. »[15]
L’AIE approuve ce plan et présente plusieurs autres stratégies dans son programme de relance durable en 30 étapes, englobant six secteurs clés : électricité, transports, industrie, bâtiments, carburants et technologies émergentes à faible émission de carbone. Les résultats sont de nature à séduire tout gouvernement rationnel : une croissance économique continue, des emplois pérennes et un développement durable.[16]
Voici quelques-unes des recommandations supplémentaires de l’AIE :
- Accroître les investissements dans l’hydroélectricité et le nucléaire pour aider à maintenir la production, car les installations et les équipements des marchés avancés arrivent souvent en fin de vie utile
- Stimuler l’éolien et le solaire photovoltaïque (PV) pour capitaliser sur leur lancée en tant que seules sources d’énergie appelées à se développer en 2020
- Soutenir l’industrie automobile par un meilleur financement ou des réductions d’impôts pour les véhicules à faibles émissions
- Développer les réseaux ferroviaires à grande vitesse, qui nécessitent en moyenne 12 fois moins d’énergie par passager-kilomètre que les avions et les véhicules routiers
- Améliorer les infrastructures urbaines pour exploiter l’augmentation de la marche et du cyclisme pendant la pandémie
- Rénover les bâtiments existants à des fins d’efficacité énergétique, ce qui pourrait créer 30 emplois par million de dollars investi
- Promouvoir davantage le recyclage des déchets et des matériaux
- Favoriser le recours aux biocarburants, afin d’endiguer la baisse de production estimée de 15 % en 2020.
Les compensations sont alléchantes. Si elles sont adoptées, les recommandations de l’AIE pourraient réduire les émissions de gaz à effet de serre de 4,5 milliards de tonnes et la pollution atmosphérique de 5 % d’ici 2023, tout en créant ou en préservant environ 9 millions d’emplois.[17]
Selon le Dr Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, les gouvernements ont « une occasion unique de relancer leurs économies et d’apporter une vague de nouvelles opportunités d’emploi, tout en accélérant la transition vers un avenir énergétique plus résistant et plus propre ».
Les opportunités sont évidentes, mais les risques de faire l’autruche sont encore plus grands.
Risque de déraillement ?
Alors que la lutte contre la crise du coronavirus se poursuit, nous pouvons déjà constater une grande divergence dans les réponses des gouvernements du monde entier.
En dépit de lueurs d’espoir dans certains pays, d’autres territoires connaissent, intentionnellement ou non, des revers environnementaux au cours de cette phase cruciale de reprise.
La Chine, par exemple, dans un effort pour réduire le coût de son programme de subvention des énergies renouvelables, a abandonné sa précédente position de leader de l’indice mondial d’attractivité des pays pour les énergies renouvelables (RECAI) d’Ernst & Young.[18] Le gouvernement chinois a réduit ses subventions aux projets éoliens et solaires terrestres afin de compenser le déficit de 14 milliards de dollars de son Fonds de développement des énergies renouvelables. Il n’a alloué que 700 millions de dollars aux nouvelles énergies renouvelables en 2020.
Sans soutien supplémentaire, il est à craindre que les nouvelles installations de production d’énergie terrestre de la Chine ne dépassent pas 0,5 GW par an pour le reste de la décennie.[19]
En Inde, la progression des énergies renouvelables s’est ralentie sur fond d’avertissements selon lesquels le pays pourrait ne pas atteindre son objectif de 175 GW pour 2022, une tendance qui sera probablement exacerbée par le COVID-19. Le Japon, quant à lui, a connu des enchères du solaire décevantes en 2020, la capacité allouée n’ayant pas égalé la disponibilité. Les taux de croissance de l’énergie solaire devraient passer de 10 % en 2019 à 5 % pour le reste de la décennie, alors que l’Égypte est confrontée à des prévisions de faibles prix de l’énergie industrielle, ses projections concernant l’énergie solaire PV ayant été réduites de 0,6 GW sur les cinq prochaines années.
De même, en Amérique du Sud, le Chili se montre tout aussi pessimiste en reportant ses enchères d’électricité prévues pour 2020, invoquant une baisse du PIB et une chute de 6 % de la demande d’électricité.
Mais ne désespérons pas trop : les perspectives sur d’autres marchés suggèrent que le coronavirus représente une pause plutôt qu’un coup fatal à la transition vers l’énergie propre.
Les projets phares sont porteurs d’espoir
Dans un contexte prometteur, les États-Unis ont pris la première place du RECAI pour la première fois depuis 2016. Ceci est attribuable à une extension de son régime de crédits d’impôt à la production (PTC). Une croissance à long terme a été enregistrée sur le marché de l’éolien offshore aux États-Unis, et il est prévu d’investir 57 milliards de dollars américains pour installer 30 GW supplémentaires d’ici la fin de la décennie.[20]
Les signes sont également encourageants en Europe.
En France, 1,4 GW d’énergie éolienne et solaire a été attribué lors du dernier appel d’offres, avec des plans pour 28 GW supplémentaires de projets éoliens et solaires au cours des cinq prochaines années. De l’autre côté de la frontière, en Italie, 500 MW de contrats ont été attribués lors de la dernière enchère pour le renouvelable, et six autres rondes d’enchères sont prévues pour un total de 4,2 GW dans le cadre des CFD (« contrats sur différence » – un mécanisme permettant de supprimer toute exposition au risque du marché). En Grèce, pendant ce temps, le gouvernement abandonne progressivement l’utilisation du lignite, déclassant quelque 4 GW de capacité de production au charbon d’ici 2023.[21]
De même, le Plan national énergie et climat de l’Espagne, soumis à la Commission européenne en avril 2020, fixe un objectif de réduction de 23 % des émissions d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 1990. Le plan prévoit une hausse de l’énergie éolienne de 28 GW en 2020 à 50 GW d’ici 2030, et une croissance du solaire PV de 8,4 GW début 2020 à 39 GW en 2030.
Là aussi, je suis fier que FRV apporte sa propre contribution à la réalisation de ces objectifs. En septembre 2020, FRV a parfait le financement de la centrale photovoltaïque de 138 MW de San Serván en Estrémadure, en Espagne, qui alimentera quelque 105 000 foyers espagnols.
Il s’agit de la première opération verte homologuée Climate Bond Certified en Espagne, assortie d’un « prêt vert » de 64 millions d’euros. Le projet est non seulement important en tant que jalon vers la décarbonisation du secteur énergétique espagnol, mais il démontre également l’engagement de FRV en faveur de meilleures pratiques durables en matière de financement de l’énergie solaire.
L’Arabie saoudite, quant à elle, réaffirme son orientation vers les énergies renouvelables en prévoyant de produire 25 GW d’énergie verte au cours des cinq prochaines années, pour passer la barre des 60 GW dans la prochaine décennie. Les deux tiers de cette électricité proviendront de l’énergie solaire, tirant parti du climat implacablement chaud et ensoleillé du Moyen-Orient.
Comme toujours, les perspectives d’un avenir énergétique peu polluant sont tributaires des réalités économiques. À l’heure où les nations avant-gardistes commencent à récolter les fruits de leurs stratégies de relance écologiques, il y a tout lieu de croire que le secteur privé surfera lui aussi sur la vague des investissements durables.
L’investissement durable : désormais plus une niche
Il est agréable de constater que les investisseurs soucieux de l’éthique et des priorités changeantes du public regardent de plus en plus au-delà des simples données financières au moment de décider du placement de leurs actifs. L’essor des investissements environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) montre combien les investisseurs commencent à aligner leurs objectifs sur des enjeux tels que le changement climatique et les inégalités sociales.
Et cela peut rapporter gros.
Le Financial Times prévoit que les fonds ESG vont tripler d’ici 2025, leur part dans le secteur européen des fonds passant de 15 à 57 %, tandis que les produits d’investissement durable sur le continent devraient atteindre 7,6 milliards d’euros au cours des cinq prochaines années.[22]
Ces nouveaux comportements auront de vastes répercussions. Non seulement ils réorienteront organiquement les capitaux vers des activités durables (le secteur technologique est un pôle d’attraction pour les investissements ESG, alors que les valeurs industrielles le sont beaucoup moins), mais ils inciteront également les entreprises à faire preuve d’une plus grande transparence quant à leur impact sur l’environnement.
Les ESG ont jusqu’à présent démontré une certaine immunité, même contre le plus vil des vilains – j’ai nommé le COVID-19. L’année 2020 a enregistré des niveaux records d’investissements ESG dans le monde entier malgré les turbulences du marché dues à la pandémie.[23] Est-ce une coïncidence ? Pas vraiment.
Goldman Sachs a noté que : « Avant cette crise, l’investissement ESG faisait l’objet d’une attention significative et croissante, et il est probable que cet intérêt ne fera que s’accroître après le coronavirus. » [24]
Dans une enquête de KPMG, plus d’un tiers des cadres supérieurs d’entreprises ont admis que la pression des investisseurs les poussait à se concentrer davantage sur les critères ESG[25]. Un sondage réalisé par Morgan Stanley, quant à lui, indique que 80 % des propriétaires d’actifs intègrent déjà des facteurs ESG dans leurs choix d’investissement.[26]
Mais il ne s’agit pas seulement de modifier les modèles d’investissement institutionnel. Les entreprises privées – comme Abdul Latif Jameel – peuvent impulser les investissements des entreprises et des gouvernements vers des solutions visant à lutter contre le changement climatique et accélérer une reprise verte. Des organisations comme Clean, Renewable and Environmental Opportunities Syndicate (CREO Syndicate), contribuent déjà à changer les mentalités et à explorer les possibilités d’investissements privés sur le marché ESG mondial.
Comme l’explique le CREO dans un livre blanc : « L’intérêt général pour l’investissement durable s’accroît à mesure que de nombreux investisseurs institutionnels et grandes fortunes réévaluent leur exposition aux combustibles fossiles et que le discours politique sur les risques climatiques prend de l’ampleur. Les propriétaires de patrimoine sont à l’avant-garde de la tendance, guidés par un horizon temporel à long terme qui coïncide naturellement avec les investissements durables, les valeurs personnelles et les intérêts exprimés par les membres de la nouvelle génération. »[27]
Je pense que cette puissante combinaison de facteurs peut jouer un rôle central dans notre volonté de parvenir à un redressement plus écologique.
Les plans de relance durables nous éloignent du bord du gouffre
La pandémie nous a indubitablement amenés à une croisée des chemins sans précédent : une divergence culturelle et économique qui dictera le type de monde dans lequel nous vivrons dans les décennies à venir. Elle nous donne l’occasion d’aborder, enfin, des problèmes qui se trouvaient en gestation depuis longtemps – des problèmes qui, s’ils continuent d’être ignorés, risquent de trop s’enraciner pour être résolus.
On estime que les catastrophes liées aux conditions météorologiques ont coûté 309 milliards de dollars américains à l’économie américaine rien qu’en 2017[28] et que les pertes dues aux catastrophes climatiques dans le monde ont atteint 3 000 milliards de dollars au cours de la dernière décennie.[29]
Christiana Figueres, ancienne responsable des Nations unies pour le changement climatique, nous avertit que si d’ici 2030 nous n’avons pas réduit de moitié les émissions de gaz à effet de serre, « nous ne pourrons pas éviter les points de basculement dévastateurs qui bouleverseraient l’économie mondiale et poseraient des menaces existentielles pour l’homme. Les coûts de l’inaction sont vertigineux : 600 000 milliards de dollars d’ici la fin du siècle ».[30]
Pesons bien tout le poids de ces mots : menace existentielle pour l’homme. Dans un tel contexte, on peut aisément envisager que les nations manquant d’agir dans l’intérêt général deviennent des parias sur la scène internationale.
C’est pourtant bien la tendance des gouvernements de réagir plutôt que de planifier, et de ne penser qu’aux quelques années à venir, en attendant que les électeurs retournent aux urnes. Pourtant, les solutions à nos deux dilemmes (à savoir la reprise économique post-pandémique et la transition vers les énergies propres) sont si harmonieusement imbriquées que le moment est certainement venu d’adopter un état d’esprit radicalement différent : une réflexion à long terme pour des avantages à long terme.
La relance économique post-pandémique et les investissements axés sur l’environnement sont les seuls moyens de garantir que nous pourrons transmettre aux générations futures un monde qui mérite d’être sauvé.
[1] https://coronavirus.jhu.edu/map.html
[2] https://www.weforum.org/agenda/2020/03/coronavirus-covid-19-cost-economy-2020-un-trade-economics-pandemic/
[3] https://www.bloomberg.com/news/articles/2019-09-09/the-massive-cost-of-not-adapting-to-climate-change
[4] https://amp.theguardian.com/environment/2020/aug/19/highest-recorded-temperature-ever-death-valley
[5] https://www.theguardian.com/environment/2020/aug/20/greenland-ice-sheet-lost-a-record-1m-tonnes-of-ice-per-minute-in-2019
[6] https://www.theguardian.com/environment/2020/aug/23/earth-lost-28-trillion-tonnes-ice-30-years-global-warming?utm_term=f5e7d6a02f5e35528cad68d5646a9138&utm_campaign=GuardianTodayUK&utm_source=esp&utm_medium=Email&CMP=GTUK_email
[7] https://www.iea.org/reports/sustainable-recovery
[8] The Economist, Septembre 2020.
[9] https://www.ey.com/en_gl/power-utilities/in-the-wake-of-a-human-crisis-do-climate-goals-take-a-back-seat
[10] https://www.iea.org/reports/sustainable-recovery
[11] https://www.ft.com/content/9e832c8a-8961-11ea-a109-483c62d17528
[12] https://www.iea.org/commentaries/how-to-make-the-economic-recovery-from-coronavirus-an-environmentally-sustainable-one
[13] https://mailchi.mp/adfd6e581840/irena-outlines-agenda-for-sustainable-economic-recovery-332306?e=63a2dbe8b3
[14] https://www.iea.org/reports/sustainable-recovery/strategic-opportunities-in-technology-innovation#abstract
[15] https://www.preventionweb.net/news/view/71103
[16] https://www.iea.org/reports/sustainable-recovery
[17] https://www.iea.org/reports/sustainable-recovery
[18] https://www.ey.com/en_us/recai
[19] https://www.ey.com/en_gl/power-utilities/in-the-wake-of-a-human-crisis-do-climate-goals-take-a-back-seat
[20] https://www.ey.com/en_us/recai
[21] https://www.ey.com/en_gl/power-utilities/in-the-wake-of-a-human-crisis-do-climate-goals-take-a-back-seat
[22] https://www.ft.com/content/5cd6e923-81e0-4557-8cff-a02fb5e01d42
[23] https://www.cnbc.com/2020/06/07/sustainable-investing-is-set-to-surge-in-the-wake-of-the-coronavirus-pandemic.html
[24] https://www.cnbc.com/2020/06/07/sustainable-investing-is-set-to-surge-in-the-wake-of-the-coronavirus-pandemic.html
[25] https://assets.kpmg/content/dam/kpmg/be/pdf/2018/05/esg-risk-and-return.pdf
[26] https://www.morganstanley.com/press-releases/morgan-stanley-sustainable-signals–asset-owners-see-sustainabil
[27] https://creosyndicate.org/news-collection/pathwaystoinvesting
[28] https://www.morganstanley.com/im/publication/insights/investment-insights/ii_weatheringthestorm_us.pdf
[29] https://www.reuters.com/article/us-climate-disaster-losses/last-decade-most-expensive-for-natural-disasters-report-idUSKBN1ZL00H
[30] https://www.ft.com/content/9e832c8a-8961-11ea-a109-483c62d17528